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LUC
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Si Luc pouvait y aller, lui… vers elle !…

Elle ne viendra pas… Tant mieux !… Il ne faut pas qu’elle vienne… Julien serait si malheureux…

Lucet retire son col et sa cravate… Il attend toujours… Elle ne viendra pas ! naturellement… Naturellement… Il enlève son veston… son gilet… Il n’attend plus… bien sûr… maintenant… Et puis une jeune fille… la nuit… pour un gamin de seize ans… Etait-ce assez fou et présomptueux de songer à cette équipée !… Un gamin de seize ans… un gosse… Chérubin quoi !… Ah ! Dieu ! Ce que ces roses, et ces feuilles mortes, et ce silence, et ces draps sentent bon…

Alors pourquoi a-t-elle dit : « Ce soir… » ?

Mais elle a dit après : «… Non !… »

Aussi quelle vanité de croire que Jeannine Marcelot qui en somme est à Julien, bien sûr, à Julien… va sortir, se trahir — dame ! si quelqu’un rôdait dans le parc ! — pour Luc Aubry ; même pour le Lucet dont les femmes désirent les jeunes baisers et vers qui, parfois, des hommes même détournent involontairement les yeux !…

. . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Une heure !…

Seulement une heure ?…

Oh ! s’il pouvait, s’il osait, lui, s’introduire au château !…

Pourquoi’a-t-elle promis de venir, pourquoi a-t-elle promis — puisqu’elle ne vient pas ?…

Lucet est demi-nu. Il lave dans l’obscurité profonde son corps splendide et se surprend à parfumer d’eau étendue de vinaigre les places moites où la fièvre re-