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LUC

les girandoles et les pots à feux, et les guirlandes de fleurs lumineuses dont s’éclairent en dessous, de riches et indécises lueurs, les feuillages attardés des grands arbres, dont brasillent les vieux troncs dépouillés et les efflorescences mélancoliques d’automne, ce soir doux et apaisé sous le ciel clément jonché d’étoiles, il semble à Julien qu’il va toucher, qu’il touche comme à la rive lointaine, après le long voyage silencieux de sa jeunesse, et que des choses solennelles vont se décider…

La sérénité de Luc est inégalable, ce soir ; il est affolant de grâce espiègle et grave. Son élégance a pris un charme hallucinant, une incomparable maîtrise de formes. Sa jeune tête conserve toute la joliesse et toute la grâce morbide de l’enfance, tandis que son corps glorieux et viril est déjà presque d’un homme… Julien sait que ces yeux effarouchés et ces lèvres gentilles frissonnent des délicieux tourments épanouis de la chair !!… Et cette pensée le consume lentement d’une obsession brûlante…

… Tandis que de Jeannine au contraire ne vient pour lui que de l’apaissement !…

… Et puis, Nine, il va la demander en mariage ; elle sera sa femme ; et la solitude, pesante à la fin, s’allégera de cette chère présence…


Oh ! dans le calme du soir, devant Luc rieur et charmant et jeune, le drame obscur de ces pensées !!

Luc grandit, chaque jour se fait plus homme que la veille ; finie la grâce, rompu le charme ! Et cette grâce, ce charme, ces mots grâce, charme, jeunesse, adolescence pénètrent ainsi que des poignards dans