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LUC
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joie de connaître Luc Aubry, de l’approcher dans une intimité inimaginable dont il ne manquera pas de se glorifier auprès de ceux de ses camarades du lycée qui ont vu comme lui Marie-de-Magdala et raffolent du petit comédien très beau.

Les acteurs du Mariage de Figaro sont, suivant les convenances et la parenté, séparés ou réunis dans quelques pièces pour s’habiller. On a mis ensemble les deux jeunes gens Luc et Edouard ; et celui-ci, dont la santé se rétablit bien malgré lui depuis le départ de Robert Sfender, éprouve une joie délicieuse à ce partage.


Dès qu’habillés ensemble, Julien vient les rejoindre, svelte Figaro cambré dans ses passementeries d’or et de pourpre, élégant sous la résille écarlate qui le coiffe ; jambes et mollets bien dessinés par la culotte de velours et les bas de soie. Julien regarde Luc Aubry et s’émerveille d’une beauté qui s’avive au mièvre voisinage de l’exquis et languide Edouard.

Il ne regrette pas d’avoir été séparé de Luc pour cet habillage qui n’eût été qu’une joie tellement aigüe et décevante dont se fût inutilement compliquée la souffrance d’aimer.

Depuis des mois, inconsciemment résigné à cette souffrance, il se voulait révolter de subir à tel point l’ascendant de ce jeune homme dont le développement, durant des années, a ravi ses désirs de beauté et comblé de félicité parfaite, parce que jamais réalisées, ses aspirations vers un bonheur dont la mesure tient plus que jamais en les yeux et les lèvres de Luc !…

Et ce soir de triomphe où s’allument, dans le parc,