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LUC

Soudain, en arrêt, elle pâlit affreusement !… Une voix connue, au dehors, reprend après elle…

Je ne suis plus la même ;
Ah ! la la la la ta ta !
La ralla, ah ! la la…

. . . . . . . . .

Nine stupéfiée se tait.… ses yeux s’égarent… ses mains — tout le voile possible à cette minute où le rêve atteint, délicat et charmant, confine au cauchemar — ses mains couvrent son doux visage alerte sous le feutre de Chérubin… La porte s’ouvre ; une jeune voix s’écrie :

— Ah !!… Chérubin !!!

C’est Luc en quête de meubles, Luc effaré, que l’étonnement et l’extase clouent sur le seuil…

Nine a vu !… C’est Luc !… Alors ses mains fragiles et mignonnes se crispent sur les dentelles, elle veut se sauver, se cacher, se dissimuler ; où ?… Il est trop tard !… Luc a vu… et demeure, inconscient de ses actes, refermant la porte derrière soi, fou aussi, et courant au danger qu’il ne voudrait mais qu’il doit éviter… Nine hypnotisée par la peur se jette au devant de Lucet, s’abandonne au tourbillon avide qu’elle veut fuir… Mais elle n’a plus peur déjà, dirait-on… Que va-t-elle faire ?… Elle relève sa pauvre petite tête frivole, fixe de ses yeux apeurés Lucet, se jette dans ses bras, éclate en sanglots et demande, sans plus maîtriser ses gestes ni sa pensée, folle, oui, folle :

— Pardon… pardon… Lucet…

Et ses beaux yeux, ses mains mignonnes, ses lèvres