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LUC

caresses, de Chérubin hardi en baisers et qui contint, — cette gaine molle raidie par les juvénilités cambrées de Luc — le mystère troublant que révélèrent à Jeannine les jeux effrontés de Robert et d’Edouard… D’abord elle approche de sa bouche la délicate enveloppe dont la blancheur virginale frôle la fièvre rose de ses lèvres… ses mains vont jusqu’au fond des pieds tout petits… Ce serait vite fait d’enfiler çà, tellement souple à toucher, doux à voir… Elle se coiffe du feutre léger, et se voit dans une glace : Chérubin ! Mais elle aussi peut être Chérubin, si elle veut !… Si elle veut ?… pourquoi ne voudrait-elle point !… Elle hésite, en dégrafant son corsage, machinalement… Cela fait, sans s’en apercevoir, sa robe tombe à ses pieds… puis, vite, son corset dont craquent les œillets l’un sur l’autre ; folâtre musique ; son jupon glisse sur sa robe. Nine est folle ! Mais non, très calme ; et la dentelle de son pantalon révèle la hauteur des bas qu’elle enlève après ses mules de Suède gris perle, bouclées d’or !… Vite, la soie blanche saisit la fleur tendre de ses jambes gamines ; elle se rappelle les détails de Luc dans les lettres à Fanchette ; elle fait comme il a dit. C’est un peu difficile tout de même la première fois ! Et tantôt son petit corps frémissant s’ajuste dans l’étroite adhérence du maillot qu’on eût dit tissé pour elle et qui monte, qui monte et couvre ses hanches rondes, enfermant sur son jeune ventre pâle un peu de l’odeur mâle et troublante infiniment de Lucet…

Les jambes percent la trousse bleue brodée d’argent qui ceint de velours sa taille flexible ; et ses cuisses issent de l’azur sombre, ainsi que deux pâles boutons