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LUC
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de lui qu’on pourrait lui dire toutes sortes de choses : les futiles dont souriront ses lèvres fines ; les mélancoliques pour quoi ses bons yeux se voileront de douceur et de compassion ; les graves qui feront son front se recueillir ; les douloureuses, craintives d’avance consolées par son cœur et les caresses fraternelles de ses mains pâles… Oh ! oui, celui-là… Et Nine n’achève pas, mais toute son âme se tourne vers le grand ami, amie et reconnaissante. Et le remords se fait très poignant en elle de le délaisser, ne fût-ce qu’un moment, pour le délicieux gamin dont elle veut connaître les primes émois…


On s’occupe tout de suite du théâtre ; les décorateurs l’ont installé avec une rapidité surprenante dans l’orangerie vide. Tout un théâtre complet avec les rampes, le rideau, les deux décors du Mariage, Ier et IIe actes que les jardiniers ont appris à équiper… Les meubles et le fauteuil de Chérubin seront pris au château, Lucet les choisira lui-même.

Tous les autres invités arrivent presque coup sur coup, en trois jours. On répète. Luc est un peu retenu par sa rentrée au Conservatoire, mais il n’y a pas à se préoccuper de lui ; une répétition et tout ira à merveille.

Il arriva par le même train que les costumes. Tout le monde s’en fut au devant de lui à la gare. Nine aurait bien mieux aimé qu’on la laissât y aller seule avec sa mère et Julien.

C’est elle qui a conduit Luc à son petit temple ; sur quoi elle ne put s’empêcher de dire en lutinant l’au-