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LUC
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médiablement ! L’Élu pour lequel s’ouvre sa chair, se brise son cœur et se déchire son âme, glisse, imprenable, tel un beau cygne au large d’un lac enchanté, sans qu’elle reçoive rien de lui, rien de cet amour dont s’illuminent les heures dernières de son adolescence… Elle va être femme, lui homme ! Ce sera fini à jamais de la fraîcheur divine des baisers. Le vain souvenir de ces jeunes lèvres et de ces jeunes bras de Luc la poursuivra sans cesse, qui font le but unique de sa vie, de son rêve. Une autre viendra… Elle ne veut pas que cette autre lui vole ses étreintes et que cette âme de Luc et ce corps merveilleux et chéri disparaissent à jamais loin d’elle, sans avoir, de ses lèvres de jeune fille, de vierge, dit à cet adolescent, à ce jeune homme dont les dix-sept ans adorables sont frères de sa virginale adolescence :

— Je t’aime… je te veux… prends-moi…

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Et quand Nine rêve ainsi dans les beaux soirs de septembre, l’angoisse de ces pensers fait couler ses larmes… Elle attend…