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LUC

sité jusqu’à chercher sur l’appui du prie-Dieu de la petite inconnue la plaque de cuivre gravée à son nom. Il vit sur deux chaises la même inscription : — Madame Marcelot. — Deux chaises ; par conséquent cette dame qui accompagnait avec tant d’assiduité la petite fille ne pouvait être que sa mère. Il n’avait pas été nécessaire que Luc fît preuve d’une grande perspicacité pour deviner cela. Mais s’il avait douté, ses prévisions eussent été confirmées. Comme il s’était absenté toute une semaine, le dimanche suivant il entendit la fillette le désigner à sa compagne, à deux rangs de chaises, en disant, avec, dans sa frimousse gourmande et un peu sensuelle, d’avance la certitude de pouvoir prendre deux ou trois savoureuses brioches :

— Mère, c’est encore tout de même notre enfant de chœur qui donne le pain bénit.

À quoi Mme  Marcelot avait répondu, dans un chuchotement recueilli, juste à son passage :

— Jeannine, ma chérie, on ne parle pas à l’église !

C’était assez clair. Ses « amies » n’étaient plus de quelconques et assidues paroissiennes ; elles devinrent Madame et Mademoiselle Jeannine Marcelot.

Mais sa curiosité une fois satisfaite, Luc se souciait moins de ses découvertes. L’école absorbait son temps et ses pensées. Et ses pensées ne savaient pas encore, à douze ans, bien que troublées parfois d’indécis émois, s’écarter des « barres » et des billes ou de « l’épervier » même lorsqu’il pouvait être question de sentir s’éveiller, devant une jeune personne vêtue de dix ou onze printemps comme Mlle  Jeannine Marcelot, les premiers frissons d’un petit cœur tout neuf.

Le dimanche, par exemple, Luc se tenait sur ses