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LUC
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robuste, celui-ci ; de beaux yeux sombres un peu fatigués comme ceux d’Edouard ; une ordinaire teinte de cheveux châtains mais ondulés à faire crier de jalousie une femme coquette ; des lèvres presque aussi savoureuses que celles de Luc et des mains aussi belles quoique plus courtes des doigts, lesquels ne sont pas roses au bout comme ceux de Luc. Il est aussi chic que son ami Edouard. Mais tandis que ce dernier recherche des cravates aux nuances langoureuses et affectionne le bleu turquoise pour les rubans de ses chapeaux, Robert s’habille sévèrement, comme un huguenot du dix-septième siècle. Une blouse de velours noir, assez courte et serrée à la taille par une ceinture prend son cou dans une haute manchette recouverte, en parement, d’un col mou d’une blancheur éclatante ; ses poignets sont serrés dans une manchette semblable relevée du même linge blanc de la chemise ; et la blouse boutonnée en biais jusqu’à l’épaule couvre, sur les hanches, une culotte de velours aussi, ample, retenue au-dessus des genoux d’où elle retombe sans les cacher entièrement ; de sorte que, depuis les souliers vernis découverts, les jambes, parfaitement moulées en d’impeccables bas de fil d’écosse noir décrivent pour le charme des yeux leurs contours élégants. Il n’est pas jusqu’aux bas dont l’ascension vers les cuisses n’inquiète prodigieusement parce qu’en laisse voir la culotte quand Robert s’assoit. Ce beau garçon un peu froid, apparemment, sous la clarté de son fin visage, flotte entre quinze et seize ans ; son âge est plus difficile à préciser que celui de Luc ou d’Edouard, malgré un fin duvet très joli qui déjà borde sa lèvre remarquablement bien