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je vous assure, petite curieuse très gentille et très laide qui pensez beaucoup trop au mal, j’aime… celle que j’aime. Quand j’étais petit — oui, oui, comme dans les contes de fées ! laide que je baise sur les yeux — j’étais enfant de chœur à la Trinité. Je ne pensais guère à aimer lorsque, un jour, une petite fille de mon âge, pour son bavardage, fut grondée par sa maman juste comme j’allais lui prête senter le pain bénit. Je m’aperçus de la gronderie et m’efforçai, en passant, de rire avec elle pour la consoler, oh ! très vite, en passant n’est-ce pas ? Elle voulut bien sourire et baissa ses jolis yeux. Je ne savais pas à ce moment qu’elle les eût aussi jolis mais je les ai bien remarqués depuis, car jamais je ne l’ai perdue de vue. Elle grandit ; je grandis aussi. Je chantai à l’église ; il arriva que je chantai en pensant à elle toute seule. Elle grandit encore, moi aussi naturellement — vous le remarquez même en termes trop flatteurs et trop… comment dirais-je, petite amie que je baise derrière l’oreille où ça chatouille ? — le hasard permit ensuite que nous nous rencontrâmes souvent, très souvent, trop souvent, puisque, maintenant, quand elle me parle, je n’ose pas lui répondre ; ses yeux de petite fille me charment et me font peur en même temps ; je crains de les aimer et d’être le plus malheureux des hommes (Nine rectifiait : oh ! des hommes !) si je les aime.

« Voulez-vous me dire, petite amie que je ne connais pas, si je dois oser avec elle presque autant qu’avec vous qui me paraissez tellement mignonne et polissonne et qui, si je pouvais vous voir, ne me

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