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LUC
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sans réserve, la joie qu’elle présage immense à le recevoir de lui ? Ne se peuvent-ils prendre tous deux profondément et se caresser, les yeux aux yeux, les lèvres rivées aux lèvres ?… Et leur bouche ne se peut-elle glisser tout au long de leurs bras jusqu’à la paume impressionnable de leurs mains ; et leurs mains, dans cette emprise impossible, parce que Luc a l’air bien trop raisonnable, trop sérieux et qu’il ne doit pas avoir de ces pensées mauvaises dont la nouveauté hardie accable Jeannine — leurs mains fines et pâles, si Nine se livrait, si Luc, ce qui est improbable, n’opposait aucun obstacle, ces mains empressées ?… Oh ! les mains de Lucet, pâles avec, à l’extrémité des doigts fuselés, un peu de rose comme le fard que se mettent sous les yeux les actrices… les mains de Luc ; quelle science ne doivent-elles pas contenir, ces mains fragiles, jolies et déliées !…


Et voilà que se découvre, dans les regards complaisants de Nine, la vision tout entière de Iohanam souriant à ses pensées, exaltant ses rêves, dans la nudité splendide du théâtre. Que songe-t-elle à la gourmandise des lèvres, à la souplesse des bras, à la profondeur des yeux amoureux ! Ne serait-ce pas divin que la cambrure pâle et flexible de ces jambes indifférentes unît aux baisers le frôlement enveloppant de ses lignes attirantes dont le seul souvenir de l’image parfaite éveille en elle des facultés jusqu’ici inconnues de sentir ?… Nine évoque le dessin spirituel des mollets arqués sur les fines chevilles ; le modelé aristocratique des genoux ; la beauté sculpturale des cuisses à demi effacées sous les plis de la tunique