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LUC
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rien velouté la lèvre supérieure de Luc et que sa bouche en est plus désirable ; son petit nez dont la mutinerie élégante et jolie la fait sourire, émue et charmée, son petit nez de rien du tout aussi… Oh ! Dieu, tout le fin visage de Lucet, la vigueur brune de ses sourcils sur la douceur tiède et l’éclat liquide de ses beaux yeux !… Eh bien ! voilà : Nine pensait donc que, Luc étant un gamin. — il n’est plus un gamin mais il n’est pas encore un homme pourtant ! Luc étant gamin… et ses yeux, à Nine, se ferment de joie parce qu’il n’est plus gamin, et qu’il n’est pas encore homme… Luc étant gamin elle trouverait blancs ses bras de fille, ses bras de… non, pas de fille ; mieux ! mais pas d’homme cependant — ses bras nus hors sa tunique de bure dans le costume du pâtre Iohanam… Enfant, elle pourrait l’embrasser sans danger ! et quelles caresses douces ses lèvres s’offriraient contre sa chair éclatante et savoureuse !… Elle le retournerait, le manierait en tous sens ainsi qu’elle faisait de ses poupées mignonnes, autrefois. S’il avait seulement dix ans, douze ans, comme à l’église quand, espiègle, dans sa robe rouge et ses flots de dentelles, il riait à Jeannine et, sans le savoir, lui faisait baisser les yeux…


Et Jeannine rêve… Moult Plaisant s’offre avec des allures de fête, le soir Luc est auprès d’elle ; et les hauts marronniers du parc voient passer leurs images confondues… Luc a au moins dix-sept ans déjà, oh ! oui au moins ! Il doit savoir de belles choses, des choses tendres pour dire, la nuit, bouche contre bouche, et les yeux dans les yeux, bien que les