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LUC

de lumière et d’ombre sa grâce déliée. Et ses yeux constamment dilatés sous un air d’étonnement puéril, et sa bouche entr’ouverte étaient d’adorables choses…

Julien l’épiait, dissimulé contre un des riches paravents déployés dans son salon et son atelier ; il se montra tout à coup à Lucet interdit en faisant un : « coucou… » très gamin et très joueur, et Luc partit d’un grand éclat de rire dans lequel se dévoilèrent, en un double collier de perles, ses dents spirituelles et incisives ; puis il montra toutes ses lettres et ouvrit d’abord le billet mauve.

Ses yeux étaient vastes et merveilleux ; une fatigue bleutée, très affaiblie déjà, en estompait la clarté. Du sang rose très pâle monta, comme il tendait à Julien le billet, sous la peau diaphane de ses joues, ainsi l’azur languide des yeux se changea en lilas ; et ses yeux embaumaient ainsi que deux larges fleurs…

… La première lettre était très… polissonne. Du moins Julien la jugea ainsi et, soudainement attristé, reprocha à Lucet de la lui avoir montrée. Mais le petit comédien tenait à faire passer sous les yeux de son ami ce qu’il appelait la « première série » signifiant par là son désir de continuer à recevoir ce courrier sans pudeur, curieux et charmant !

— Oh ! Julien, il faut encore que vous entendiez celle-ci, ce sera la dernière, elle est trop gentille et trop rigolo ; dites, Julien ?.. eh bien ! Julien, écoutez, voyons !…

Julien ne pouvait guère résister, il se fût condamné aux pires discours pour entendre la voix ravissante du jeune homme. Lucet fouilla dans ses lettres en