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clartés blondes ; le tissu contre la peau ne se différenciait pas. Le maillot était très étroit, il fallait avoir bien soin, comme l’habilleur le recommandait, de mettre d’abord un pied jusqu’à la cheville puis l’autre pied en tendant beaucoup le tissu ; ceci fait, se lever, tirer à soi le maillot sur les mollets, sur les genoux, en enfonçant les jambes à force, puis sur les cuisses, enfin sur les reins et le ventre. S’il est de bonne mesure, il ne prend pas tout d’abord la hauteur totale des jambes et paraît trop court ; il reste alors à se plier sur les reins pour descendre dans les mailles qui se distendent de plus en plus, s’ouvrent et se resserrent sur les formes étroitement épousées sans qu’un pli vienne détruire l’unité parfaite des lignes.

Cette sensation caressante restait nouvelle encore pour Luc. Il se plaisait à en goûter la savoureuse étrangeté ; et cette saveur étrange éveillait des voluptés dans sa chair.


Il y avait cinq lettres. La première d’un mauve un peu soutenu, et très petite. Le dos de l’enveloppe était coupé en diagonale par une patte terminée sous un cachet de cire mauve aux initiales très fines mais dont l’empreinte mal prise les rendait illisibles. Luc déchira l’enveloppe ; il en sortit un fin bristol de même couleur plié en deux feuilles embaumées de quelque chose d’insaisissable, tellement délicat ! Sur toute la longueur des deux feuillets ouverts, une inscription répandait ses quatre lignes, telles qu’un quatrain. Luc sourit en les lisant ; et comme il rencontra ses yeux dans la glace, il se surprit à rougir. Elles formulaient un compliment à l’adolescente

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