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LUC

le bonsoir très doux contenait aussi un « Chérubin » que l’on eût dit enfermé dans un écrin de caresses et de larmes…

Lucet vite descendit dans la rue, gagna les boulevards par la Chaussée d’Antin et prit l’omnibus qui le conduisit à son théâtre. Et, dans le trajet, le petit protégé bleu et blanc de Figaro vint, de son doux visage, frôler le rêve de Iohanam.


— Monsieur Aubry, monsieur Aubry…

La concierge du théâtre le rejoint dans le couloir mal éclairé à l’extrémité duquel monte tout de suite l’étroit escalier vers la scène…

— Ce sont des lettres pour vous…

Des lettres ? C’est pourtant vrai, des lettres ! Des. Luc en a plein sa main blanche… deux, trois, quatre et cinq ! Cinq ! Il pâlit légèrement. Que lui veut-on ? Qui lui écrit ? On le connaît donc ? Il met les lettres dans sa poche, gravement, craignant, à son émotion, qu’on le prît pour un novice ou qu’on lui reprochât — les bons petits camarades — de poser !

Et son cœur battait fort en refermant sa loge au verrou.

Il lui fallut d’abord se déshabiller et se rafraîchir tout le corps avec sa fine éponge à peine mouillée. Quand il se fut bien séché, le pâle éclat de sa chair l’amusa. Elle était presque blanche ; mais par places des touches à peine roses, aux genoux, aux talons, se venaient poser, dont il suivait l’insensible progression. Il admira l’art du bonnetier qui tissa le maillot — il prit celui écru — dont il cernait ses jambes. Il ne paraissait guère qu’il dissimulât rien de leurs