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LUC

complice d’intérêts inavouables, de craintes trop justifiées enfermés en d’injustes prébendes éternelles aussi comme ceux qui les détiennent. M. Luc Bruay, par sa science du théâtre, par sa jeune élégance, nous a charmés. Nous voulions le dire, voilà qui est fait. »

C’est Jeannine qui a lu cela tout haut, avec quelle émotion dans sa voix à chaque mot ! Et comme elle a marqué les termes qui semblaient traduire sa pensée intérieure : gentil comédien, grâce juvénile, beauté, charme et jeune élégance…

Et Julien rayonnait d’entendre ainsi parler de Luc, de voir enfin se libérer de la tyrannie insupportable des femmes de théâtre et de beuglant un écrivain tel que le signataire de cet article hebdomadaire.

Luc Aubry n’osait s’attarder à cette proposition dont il chérissait la pensée : jouer Zanetto et Chérubin. Il se sentait — et Julien ne l’ignorait pas — capable de mettre tout son cœur, tout son juvénile enthousiasme dans ces deux rôles ! Oui, il se sentait devenir Zanetto en lisant le Passant, Chérubin en lisant le Mariage de Figaro. Les rôles il les savait par cœur ; il avait scruté leurs exquises et profondes tendresses… Mais pourrait-il jamais être l’un ou l’autre ? l’un ou l’autre de ces deux gamins ravissants dont sa joliesse seule déjà, en dehors de son talent précieux, eût magnifié l’image !…

Et Julien affirmait sur le champ que Luc, un jour, serait Chérubin et que cette fraîche figure adolescente ne devait pas à jamais s’enfermer en les attraits exclusivement sexuels d’une fille !

Mme Marcelot et Jeannine n’entendirent pas les