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Cependant un des attraits de la soirée avait été l’originalité de ce rôle de Iohanam interprété par un possesseur véritable des qualités exigées pour sa création ! Mais X*** traitait, dans son feuilleton anatomique, de la structure hypertrophiée des demoiselles et du suint de leurs aisselles dont les quinquagénaires duvets chatouillent le prurit de son odorat. C’était tout. — Y*** et Z*** en des langages différents se taisaient à peu près entièrement sur l’œuvre dramatique, Y*** racontait ce qu’il eût fait à la place de l’auteur, Z*** parlait de Mélingue, de Frédérick-Lemaître, dans Benvenuto Celtini.

— Tout ça ne nous rajeunit pas ! hasarda Julien ! Lucet découvrit au milieu d’un des graves feuilletons du lundi quelques lignes dans lesquelles on osait féliciter Déah Swindor pour son audace à casser les vieilles formules et les vieux errements : «… Il faut louer sans réserve l’intelligente initiative que vient de prendre Mme  Déah Swindor. Grâces lui soient rendues, nous possédons aujourd’hui sur un théâtre parisien le jeune premier, rara avis, dont la grâce juvénile et — pourquoi M. Luc Bruay ne nous permettrait-il pas de lui dire ? — la beauté distinguée sont une agréable compensation à l’éternelle (oh ! combien) jeunesse que nous infligent les théâtres subventionnés. Verrons-nous quelque jour ce gentil comédien interpréter les amoureux de Molière, aussi Perdican, Sandro, voire Zanetto et Chérubin — et il y aurait là motif à une heureuse innovation ? — C’est ce que l’avenir nous révélera. Nous travaillerons à ce résultat. Dès maintenant il convient de rompre pour ce jeune homme le silence