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LUC

rameaux qu’en pousses sauvages. Elle a, sur les chemins de Galilée, rencontré l’enfant dont la chair est plus pâle que les troènes pâles, dont les lèvres sont plus rouges que les coquelicots épars dans les moissons de Sichern, dont les yeux étonnés sont pris en des auréoles bleues comme les nuits étoilées du lac de Tibériade… Il faut aimer, elle l’aime… Il faut être pauvre, elle abandonne ses joyaux, ses parures et les terrasses marmoréennes de Jérusalem pour suivre la tunique de laine grise de Iohanam jusque sous le chaume des masures. Les yeux de clair obscur du jeune pâtre, quelle joie nouvelle dans la détresse où se veut ensevelir la magnificence innomable de ses débauches ! Même elle ne sait pas, la Magdaléenne, lequel de son cœur ou de son désir est pris au rythme souverain de cette jeunesse ardente. Elle aime, voilà ! Elle aimera encore lorsque, sous les huées de la plèbe immonde, elle portera jusqu’au Maître compatissant de Nazareth le vase de parfum dont elle veut baigner Ses pieds douloureux. Elle aimera toujours !…

Oh ! dans le second acte, l’effondrement de la Magdaléenne devant le Thaumaturge divin ; et l’arrivée de Iohanam enivré d’amour et fou de caresses demeurées jusque-là stériles ; l’arrivée de Iohanam surprenant la courtisane aux pieds de l’Amant nouveau !

La fureur ardente de l’enfant, ses invectives à la femme, à l’Homme qui la lui prend… Et la douceur infinie de Celui qui pardonne et conquiert, après d’autres cœurs, le cœur frais éveillé et l’âme neuve et le corps vierge désormais de Iohanam !… Et, dans l’achèvement de la trilogie où toute Poésie prit