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mal contenues en d’impuissantes armatures orthopédiques, sous les mornes regards des passants !


Jules Bréard, le père de Julien, arrive à son tour sur le théâtre où la circulation est libre désormais, les machinistes ayant achevé la plantation des décors du « un ». Il aperçoit Luc Aubry, penché contre l’œil du rideau, qui examine la salle. Telle que, la silhouette claire de ses jambes réunies, de ses bras, de sa nuque ressort en contours merveilleux sur le fond obscur du rideau, et les ombres des herses se jouent sur lui et font valoir l’impeccable modelé de son jeune corps. Avant même que Julien ait eu le loisir de présenter le petit comédien à son père qui, négligent, ne s’était jamais préoccupé de le connaître, celui-ci grommelait, en artiste assez informé de la valeur des attitudes et de la plastique des êtres, un « N… de D !… » débordant d’éloquence brève, et dont la douceur un peu bourrue pénétra de joie le cœur de Julien. Jules Bréard ne se gêna guère pour complimenter devant Luc même, en le détaillant de la tête aux pieds sous sa courte tunique et son maillot aux blondes carnations, le goût parfait de son fils et l’exquise beauté du jeune acteur. Le maître était sensé comme il était bon ; le compliment, aussi flatteur pour Lucet que pour Julien, négligea la pointe maligne où s’étalait d’ordinaire la sottise des gens avides de créer ce dont leur sale pruderie veut paraître s’alarmer.


Luc entraîna Julien au manteau d’arlequin. Il voulait, sous prétexte d’examiner la salle, regarder Nine et sa mère avant que le régisseur, sur un

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