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LUC
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tenir prêts, Luc se lève et salue sa grande amie qui sourit à la grâce charmante du jeune homme en l’appelant de son mot favori : grand gosse ! Souple et léger, et très élégant, il gagne son quatrième ; on entend sa voix, dans l’escalier étroit, saluer d’étage en étage ses camarades. Il s’exclame et rit, et la limpidité fraîche de son rire dénonce son passage un peu turbulent et joli, joli — ah ! oui, joli !… — Comme elle a bien raison, Déah : grand gosse ! quoique un peu de mélancolie parfois atténue sa joie tout d’un coup. Le grand gosse a fait mettre un verrou à la porte de sa loge ; il est chez lui ; et son chez lui est très rustique bien que l’électricité en abondance l’éclaire et que des flacons appétissants, à côté des boîtes de cristal et de claires porcelaines, jettent dans l’air étouffant leurs affriolants arômes.


Luc retire son veston, accroche son chapeau, enlève son gilet sans apercevoir dans la glace la grâce de ses gestes. En bras de chemise, avec son col et sa cravate, il est très gentil ; à peine le sait-il. Dans un tiroir d’un petit chiffonnier sont pliés des maillots de roses divers, très tendres tous. Il y en a d’écrus qui, à la lumière, jouent parfaitement la couleur de la peau. Il y en a de rose-thé extrêmement pâles, et de roses un peu plus soutenus mais toujours très attendris ; c’est Julien qui les a choisis. Alors !… Et pas en soie — la soie donne un brillant ridicule aux jambes — en fil ; le fil a, lui, une diaphanéité et une matité qui se rapprochent excellemment de la chair ; et les mailles en sont plus fraîches. C’est un rose-thé pâle que prend Lucet après avoir hésité un peu.