Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, I, Eggimann.djvu/94

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 80 —

jardin est vis-à-vis, j’en vis un morceau qui me donna grande envie de voir le reste. La portière me refusa la permission de m’avancer jusqu’à la porte du jardin, mais elle l’ouvrit tout à fait et je vis une grande partie du jardin. Il est superbe, il a quelque chose de désert et de sauvage qui me plut beaucoup. Je ne pouvais pas me lasser de le regarder et je compris un moment comment on peut oublier le reste du monde dans une aussi belle solitude. La portière est une jeune personne extrêmement belle ; elle avait quelque chose de triste et de languissant qui la rendait fort intéressante.

« Nous restâmes encore un moment dans la cour de l’abbaye pour voir passer Mme la princesse de Lamballe que son carrosse attendait. Elle est en pension dans l’abbaye. Nous eûmes tout le temps d’examiner son carrosse qui est très doré et orné, il avait six beaux chevaux dont les harnais étaient cramoisi et or. Elle sortit enfin suivie d’une dame et de plusieurs pages. Elle est fort jolie, elle était très parée et nous salua très poliment. Nous remontâmes en carrosse et retournâmes chez nous où nous eûmes du monde à passer la soi-