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du roi de Sardaigne, tous ces habits noirs faisaient un effet singulier.

« Nous sommes entrées dans un caffé que l’on appelle le Caveau, il est renommé pour ses glaces ; nous en mangeâmes de délicieuses. Il y a des chambres exprès pour les dames et, tout autour du caffé, de jolies boutiques de bijoutiers.

« Le 16, nous allâmes avec Mme  Favre à l’Abbaye St-Antoine pour faire visite à Mlle  Favre qui y est en pension. C’est une demoiselle dont le père était protestant et Genevois et la mère catholique. Mlle  Favre a suivi la religion de sa mère. Elle est fort riche, fort jolie et fort aimable, et elle doit épouser un grand seigneur. Nous ne la trouvâmes pas. J’avais grande envie de voir l’intérieur du couvent, mais cela n’est pas possible. C’est une abbaye royale dont l’ordre est fort sévère. Je me contentai de regarder à travers la grille du parloir. Je vis passer l’abbesse qui était habillée de noir et avait une croix d’or sur la poitrine et un livre à la main. Elle récitait tout haut des prières.

« Un moment après il vint des maçons, on leur ouvrit la porte. Comme celle du