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« Bientôt mon Père rentra disant qu’on tirait, qu’il y avait du feu et des cris. Il courut à la porte de Cornavin et s’y trouva avec M. Tronchin et d’autres voisins. La porte était fermée, mais mon Père y apprit qu’il y avait eu plusieurs personnes arrêtées, d’autres tuées, que les Représentans étaient maîtres des portes et disposaient de la garnison, qu’ils avaient pris des otages et qu’ils viendraient dans la banlieue en prendre encore, mettre peut-être des postes militaires dans les campagnes…

« N’ayant pas de moyens de résister, mon Père ne trouva pas raisonnable de se soumettre à la loi du plus fort et nous prîmes le parti d’émigrer. Il ne fallait pas beaucoup de tems alors pour sortir du territoire de la République. La soirée était belle, nous nous hâtâmes de faire quelques paquets, d’envelopper la vaisselle, et, n’ayant pas de chevaux je ne sais par quelle raison à ce moment, nous nous acheminâmes à pied à Pregny qui était sur France alors, et où nous allions demander l’hospitalité à notre bonne amie ; c’était une consolation.

« Pour éviter le grand chemin, nous