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Lausanne et des étrangers distingués par leurs connaissances qui y faisaient quelque séjour. Là venaient des femmes instruites sans pédanterie, et des jeunes filles belles sans prétention. La conversation, la lecture, la musique, un joli souper partageaient ces heures trop courtes ; tantôt on lisait un ouvrage nouveau de littérature, de poésie, de théâtre, tantôt quelque membre de la société soumettait à son jugement ses propres essais ; quelquefois des amateurs jouaient un proverbe, une pièce à tiroir, une petite comédie qu’eux-mêmes le plus souvent avaient composée.

« La société s’appelait tout uniment le samedi : Mme de Ch. en avait reçu le titre d’abbesse et nous composions son chapitre. S’entretenant un jour avec un ecclésiastique, on lui fit observer qu’elle avait l’air soucieux, tandis que l’ecclésiastique portait la gaîté peinte sur son visage : « N’en soyez pas surpris, dit-elle, monsieur n’a qu’un verset à traiter demain, et moi j’ai ce soir tout un chapitre. »


Il ne faut pas oublier toutefois que les Samedis n’eurent tout leur éclat qu’après