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Ici, il faut ouvrir une parenthèse, car ce M. de Servan joua un rôle important et pas trop bienfaisant dans la vie de Samuel et de ses filles. Pauvre homme ! Il avait les meilleures intentions du monde, son amabilité était notoire, mais on verra par quel concours de circonstances sa vie finit par peser lourdement sur les épaules de Rosalie et de sa sœur. Leur Père n’alla-t-il pas s’engager imprudemment, à un moment où l’argent était rare à St-Jean, à servir à ce personnage une rente viagère en retour d’un versement de mille écus !

Or donc, l’avocat général de Servan ou plutôt Servan tout court, avocat de tous les opprimés en général et des protestants du Dauphiné en particulier, avait fait un séjour à Lausanne en 1770 et s’y était lié avec toute la société, en particulier avec Mme  de Charrière qui était alors Mlle  de Bavois. Dans une volumineuse et agréable correspondance qui se trouve parmi les papiers de Charles de Constant à la Bibliothèque de Genève, Servan appelle toujours Mme  de Charrière « sa bonne, son aimable, son adorable sœur » et lui parle avec beaucoup d’abandon.