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— VI —

Naguère vivait une vieille tante à nous, qui aurait près de cent cinquante ans à l’heure présente, et qui nous paraît tout aussi digne d’intérêt que bien d’autres morts exhumés dernièrement. Cette tante que nous aimons à travers ses lettres jaunies, pourquoi ne la présenterions-nous pas à nos amis ? Ce sera à eux ensuite de dire si nous avons eu tort.

Qu’on ne s’attende pas à lire ici son éloge. Rien de tel pour déprécier ceux qu’on veut faire aimer. Sachez seulement, amis, qu’elle fut une vieille fille et qu’elle eut les défauts et les qualités de cet état (dont il ne faut pas médire). Elle les eut même avant l’âge où, généralement, on accepte cette appellation sans sourciller ; ce qui ne l’empêcha pas d’être jeune et romanesque jusqu’à la fin de sa vie. Vieillotte à quinze ans, jeune à quarante-cinq. On rencontre encore de nos jours de ces anachronismes-là.


Rosalie-Marguerite Constant de Rebecque, qui naquit à Genève le 31 juillet 1758, est citée par plus d’un biographe et plus d’un littérateur contemporains. Ses lettres