Page:Achard - Rosalie de Constant, sa famille et ses amis, I, Eggimann.djvu/113

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 99 —

rappeler son enfance envolée. Nous ne pouvons résister à l’envie d’en citer ici les premières pages.


« Quelle douce tâche tu me donnes, cher Victor, de rappeler les tems de ton aimable enfance, ces tems de vifs sentimens et de vive jeunesse où les impressions sont légères, le plaisir facile et où le mal s’oublie si vite. Il me faut abréger et ne pas faire un poème sur la jeunesse, mais à mon âge les souvenirs sont la meilleure partie de la vie ; c’est pour mon plaisir (car ma mémoire n’en avait pas besoin) que je suis allée fouiller dans une caisse au galetas où j’ai retrouvé nos plus anciennes lettres. J’y ai pris tant d’intérêt que le moment de commencer celle-ci en a été retardé de bien des jours. Oh ! comme nous nous aimions ! comme nous aimions notre bon Père ! Quel pouvoir moral il avait sur nous, comme il savait nous faire passer de la crainte à la familiarité. Nous pleurions quelquefois, mais comme nous riions de bon cœur avec lui. Son esprit resté si jeune animait les nôtres. Souvent il était le plus enfant, mais toujours le plus spirituel et le plus aimable. »