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On se représente l’effet que dut produire cet écrit en arrivant à St-Jean.

Toutes les visites faites à la rue de l’Hôtel-de-Ville n’avaient pas été aussi néfastes que celle où les souliers non bouclés, les cheveux mal coiffés avaient produit un si mauvais effet. On l’aimait tendrement ce père si sensitif, si dévoué, et puis après tout, où est la place d’une jeune fille sinon au foyer paternel ?

— Ah ! si nous pouvions être heureuses comme nos amies, avoir une tendre mère qui nous reprendrait avec affection, s’égaierait de nos joies ! L’été dernier, à Lalex, ne s’est pas si mal passé, pourquoi n’en serait-il pas tout aussi bien maintenant ?

— Oui, mais, que de choses il réclame de nous ce bon Père ! que d’autres il nous reproche ! Avons-nous donc été aussi égoïstes, aussi négligentes qu’il le dit ?

Le cœur sensitif de Lisette en est tout impressionné.

— Pauvre Père, dit-elle, il n’est pas trop heureux. Oui, je veux faire mon possible pour lui procurer du bonheur. Rosalie, toi qui sais si bien écrire, vite envoie-lui un mot bien tendre, bien affectueux.