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RISETTE.

ANTONIN.

C’est fini ! je n’oserai plus ! Mon Dieu ! mon Dieu ! (Il tombe sur une chaise à gauche.)

RISETTE.

Mais qu’avez-vous, monsieur ? Cette lettre contient-elle quelque malheur ?

ANTONIN.

Un grand malheur, plus grand que je ne saurais le dire.

RISETTE.

Vous me faites trembler.

ANTONIN.

Rassurez-vous, Risette, (Se reprenant.) Mademoiselle, le malheur n’est pas pour vous.

RISETTE.

Pour qui, alors ?

ANTONIN.

Pour personne.

RISETTE.

Expliquez-vous, je vous en conjure.

ANTONIN.

Je ne le puis.

RISETTE.

Je le veux.

ANTONIN.

Vous ne me croiriez pas. (Se levant avec violence.) Non, vous ne me croiriez pas, et le doute qui se glisserait dans votre cœur empoisonnerait ma vie tout entière. Je ne pourrais plus vous regarder sans rougir ; j’espère que vous conserverez quelque souvenir de moi ; je veux que ce souvenir soit pur, pur comme votre front, pur comme le fond de mon cœur.

RISETTE.

Je ne comprends rien à ce que vous me dites, monsieur Antonin ; mais je vois que vous souffrez, et je voudrais savoir de quel mal vous souffrez, pour le guérir si cela est possible.

ANTONIN.

Ah ! je n’en guérirai jamais, c’est mon plus cher espoir.

(Il marche avec agitation.)