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RISETTE.

RISETTE.

Je l’aurais tenu ; mais tout est fini.

ANTONIN.

Il est mort ?…

RISETTE.

Le pauvre garçon a eu un mauvais numéro : il a fallu partir ! Il est allé en Crimée… il m’écrivait quelquefois, et moi, je priais bien fort pour lui !… Rien n’y a fait ! un boulet l’a emporté à l’assaut de Sébastopol !… je ne sais pas même où est sa tombe.

ANTONIN, avec émotion.

Pauvre enfant !

RISETTE.

Vous êtes bon !

ÉVELINA.

À quoi ça sert de pleurer et de se tourner le sang ?… Oui ! un boulet m’emporterait Jean Gigonet… dame ! je pleurerais dans les premiers moments… mais, après cela, il faut se faire une raison, n’est-ce pas ?…

ANTONIN, avec impatience.

Oui ! oui ! c’est bon !… (À Risette.) Et depuis, vous n’avez jamais aimé ?…

ÉVELINA.

Elle ? elle n’a pas de cœur !

ANTONIN, à part.

Comme j’aurais du plaisir à la jeter par la fenêtre avec ses cinq millions !

RISETTE.

Elle a raison ! Ces souvenirs me font mal !… Je ne dois plus songer à l’amour.

ANTONIN, avec chaleur.

N’y plus songer, mademoiselle, n’y plus songer !… Croyez-le bien, il est encore ici-bas des cœurs dignes d’apprécier tant de candeur et de grâces.

ÉVELINA, bas, le pinçant.

Qu’est-ce que vous dites donc là ?…