Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/60

Cette page n’a pas encore été corrigée

54 LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE. ■j — Vous.étes-vous expliqués? — J'ai couru chez lui pour le confondre, et je te prie de croire qüe je n’ai pas ménagé mon éloquence. Sais-tu ce qu’il m’a répondu? Au lieu de récriminer, comme je m’y attendais, il m’a pris la main et m’a dit d’une voix émue : « Nous avons du malheur. Nous « pouvions chacun de notre côté trouver une fortune : « il est bien fâcheux que nous nous soyons ren- « contrés. » — C’est bien parlé. — Que vais-je devenir ? — Est-ce un conseil que tu me demandes? — Sans doute, puisque tu ne peux me donner autre chose ! — Mon cher Léonce, je ne connais qu’un moyen honorable de te tirer d’affaire. Liquide héroïquement; va te cacher dans un quartier laborieux, rue des Ursulínes ou boulevart Montparnasse ; acl .ève ton droit, passe ta licence, sois avocat. Tu as du talent; tu ne peux pas avoir entièrement perdu l’habitude du travail ; les relations que tu t’es créées dans ces six mois te serviront plus tard ; tu regagneras le temps perdu, et l’argent aussi. — Oui, si j’étais garçon! Mon pauvre ami, on voit bien que tu vis dans une boite : tu ne sais rien de la vie. Balzac a prouvé depuis longtemps qu’un garçon peut arriver à tout, mais qu’une fois marié on use ses forces à lutter obscurément contre les additions de la ■s