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LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE. 37 â des pieds. Il avait des jarrets solides, ce qui ne gâte rien, et un bras à porter une valseuse de plomb. Toutes les filles qui dansaient avec lui étaient enchan¬ tées d’elles-mêmes, et de lui par conséquent. Les mères, de leur côté, veulent toujours du bien à l’homme qui fait briller leurs filles. Mais lorsque après une valse ou un quadrille il allait s’asseoir au milieu des femmes d’un certain âge, le penchant qu’on avait pour lui se changeait en enthousiasme. Il avait trop de bon goût pour lancer des compliments û la tète des gens, mais il faisait trouver des idées à ses voisines, et les plus sottes devenaient spirituelles au frottement de son esprit. Il se refusait sévèrement les douceurs de la médisance, ne remarquait aucun ridicule, ne rele¬ vait aucune sottise et p aisantait sur toutes choses sans jamais blesser personne ; ce qui n’est pas chose facile. Il n’avait aucune opinion sur les matières poli¬ tiques, ne sachant pas dans quelle famille l’amour pouvait le faire entrer. Il s’observait, se surveillait et s’épiait perpétuellement sans en avoir l’air. Il se di¬ sait à lui-même vingt fois par soirée : Ma fille, tenez- vous droite ! Autant il était gracieux devant les femmes, autant il était froid dans ses rapports avec les hommes. Sa roideur frisait l’impertinence. C’était encore un moyen de faire sa cour à celles dont il attendait tout ; une façon détournée de leur dire t Je ne vis que pour vous seules. Le sexe faible est sensible aux hommages