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346\tLA\tMÈRE DE LA MARQUISE, sût belle à l'arrivée de Gaston. Jacquet la regarda partir en se disant à lui-même : « Soixante-deux francs, c’est un mauvais compte, comme disait mon grand-père. » Et il supputa sur ses doigts combien il faudrait encore de louis d’or et de pièces de quarante sous pour faire cent francs. Le jour se passa, et le lendemain, et toute une se¬ maine, sans nouvelles du marquis. Mme Benoît ca¬ chait son dépit ; Lucile'n’osait pas se désoler devant sa mère ; mais elles se dédommageaient bien, l’une en en¬ rageant, l’autre en pleurant pendant la nuit. Du matin au soir, la mère promenait sa fille dans une voiture blasonnée, sans laquais et sans poudre, car le célèbre carrosse était encore sur le chantier. Elle la condui¬ sait aux Champs-Elysées, au Bois, et partout où va le beau monde, pour lui donner le goût de ces plaisirs de vanité qu’on ne savoure qu’à Paris. En l’absence des Italiens, elle lui faisait subir de lourdes soirées au Théâtre-Français et à l’Opéra. Mais Lucile ne prit goût ni au plaisir de voir ni au plaisir d’être vue. En quelque lieu que sa mère la conduisît, ede y portait le désir de rentrer à l’hôtel et l’espoir d’y retrouver Gaston. Mme Benoît devina avant sa fille que le marquis boudait sérieusement. Comme elle ne manquait pas de caractère, elle eut bientôt pris un parti. « Ah ! se dit-elle, monsieur mon gendre se passe de nous ! Es¬ sayons un peu de nous passer de lui. Qu’est-ce qui 9