Page:About - Les mariages de Paris, 1856.djvu/325

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rester dans mon pauvre Arlange, où l’on peut voir ses amis à toute heure de la journée. »

Mme Benoît répliqua sentencieusement : « La femme doit suivre son mari. »

Le grand événement qui se préparait à Arlange fut bientôt connu dans tous les environs. Mme Mélier était en tournée de visites, et, puisqu’elle annonçait un mariage, il n’en coûtait pas plus pour en annoncer deux. Dans chacune des maisons où elle s’arrêta, elle répétait une phrase toute faite qu’elle avait arrangée en sortant de chez Mme Benoît : « Madame, je connais trop l’intérêt que vous portez à toute notre famille pour n’avoir pas voulu vous annoncer moi-même le mariage de ma chère Céline. Elle épouse, non pas un marquis, comme Mlle Lucile Benoît, mais un bel et bon manufacturier, M. Jordy, qui est, à trente-trois ans, un des plus riches raffineurs de Paris. »

Mme Mélier avait de bons chevaux : sa voiture et les nouvelles qu’elle portait firent dix lieues avant la nuit. Le faubourg Saint-Germain du cru commença par plaindre la pauvre Lucile et par faire des gorges chaudes de Mme Benoît, qui avait trouvé pour sa fille un second marquis de Kerpry. Mme Benoît apprit sans sourciller tout ce qu’on disait d’elle. Elle prit les papiers de la famille d’Outreville, et se fit conduire chez une vieille baronne fort médisante et fort influente, Mme de Sommerfogel.