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dans une solitude profonde, où M. Lopinot venait de temps en temps lui offrir la main d’un avoué, d’un notaire ou d’un demi-agent de change. Elle refusa dédaigneusement tous les partis jusqu’en 1829. Mais un beau matin elle s’aperçut qu’elle avait vingt-cinq ans sonnés, et elle épousa subitement M. Morel, maître de forges à Arlange. C’était un excellent homme de roturier, qu’elle aurait aimé comme un marquis si elle avait eu le temps. Mais il mourut le 31 juillet 1830, six mois après la naissance de sa fille. La belle veuve fut tellement outrée de la révolution de juillet, qu’elle oublia presque de pleurer son mari. Les embarras de la succession et la direction des forges la retinrent à Arlange jusqu’au choléra de 1832, qui lui enleva en quelques jours son père et sa mère. Elle revint alors à Paris, vendit le Bon saint-Louis, et acheta son hôtel de la rue Saint-Dominique, entre le comte de Preux et la maréchale de Lens. Elle s’établit avec sa fille dans son nouveau domicile, et ce n’est pas sans une joie secrète qu’elle se vit logée dans un hôtel de noble apparence, entre un comte et une maréchale. Son mobilier était plus riche que le mobilier de ses voisins, sa serre plus grande, ses chevaux de meilleure race et ses voitures plus belles. Cependant elle aurait donné de bon cœur serre, mobilier, chevaux et voitures pour avoir le droit de voisiner un peu. Les murs de son jardin n’avaient pas plus de quatre mètres de haut, et, dans les soirées tranquilles