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LE BUSTE.\t205 miracles de l’amour, et j’étais aussi sceptique que M. Lefébure, car mon premier mot, dès qu’il eut ôté le linge, fut : « Ce n’est pas toi qui as fait cela ! » Je vous jure, sans fausse modestie , que je donnerais de bon cœur tout ce que j’ai fait et tout ce que je ferai pour ce buste de Coralie. C’était quelque chose de naïf et de savant, de vigoureux et de passionné, qui rappelait certaines peintures d’Holbein, certains des¬ sins d’Albert Durer, ou, si vous voulez, quelques-unes des plus belles sculptures du moyen âge. Le fait est que ce buste en terre rougeâtre répandait dans la mansarde comme une lumière de chef-d’œuvre. J e dis à l’artiste a tout ce qui me passa par la tète : j'étais plus content que ceux qui découvrent une mine d’or. Il me remer¬ ciait, il m’embrassait, il était fou de joie : il voyait déjà le jour où Cora ie viendrait dans son atelier. Je le priai de m’attendre le lendemain jusqu’à trois heures, et je revins avec M. David, M. Rude et M. Dumont. Les maîtres lui prirent la main et lui dirent qu’il était un grand artiste. Ils déclarèrent tous qu’il fallait mouler ce buste et le mettre à l’Exposition. Je leur fis remarquer d’un coup d’œil le dénûment de cette cham¬ bre où il n’y avait pas trente francs pour le mouleur. Mon signe fut si bien compris, qu’après notre départ, Cambier trouva plus de cinq louis sur sa commode. « La téte un peu plus à gauche, madame, s’il vous plaît. — Et ce chef-d’œuvre, qu’est-il devenu ? demanda