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10 LES JUMEAUX DE LHÔTEL CORNEILLE. — Et quelle place, s’il vous plaît ? demanda Ma¬ thieu. — Balayeur de la ville de Paris, On gagne ses vingt sous par jour, et Ton est libre à dix heures du matin, au plus tard. Si vous pouviez m’obtenir cette place- ïà, mes bons messieurs, je doublerais mon gain, j’au¬ rais de quoi vivre, vous seriez dispensés de monter ici avec des petits cartons dans vos poches, et c’est moi qui irais vous remercier chez vous. » Nous ne connaissions personne à la préfecture, mais Léonce était lié avec le fils d’un commissaire de po¬ lice : il usa de son influence pour obtenir la nomina¬ tion du Petit-Gris. Lorsque nous lui fîmes une visite pour le féliciter, le premier meuble qui frappa nos yeux fut un balai gigantesque dont le manche était en¬ richi d’un cercle de fer. Le titulaire de ce balai nous remercia chaudement. ■ « Grâce à vous, nous dit-il, e suis au-dessus du be¬ soin ; mes chefs m’apprécient déjà, et je ne désespère % pas de faire enrôler ma femme dans ma brigade ; ce serait la richesse. Mais il y a sur notre palier deux dames qui auraient bien besoin de votre assistance; malheureusement, elles n’ont pas les mains faites pour balayer. — Allons les voir, dit Mathieu. — Laissez-moi d’abord vous parler. Ce ne sont pas des personnes comme ma femme et moi : elles ont eu des malheurs. La dame est veuve. Son mari était bi-