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LES JUMEAUX DE L’HÔTEL CORNEILLE.\t9 me mêle de ce qui ne me regarde point, mais j’ai dans l’idée que ce n’est pas avec ces petits cartons-là qu’on guérira la misère. Autant mettre de la charpie sur une jambe de bois. Vous avez pris la peine de monter mes quatre étages avec monsieur votre ami, pour m’ap¬ porter six livres de pain et deux litres de bouillon. Nous en voilà pour deux jours. Mais reviendrez-vous après-demain? C’est impossible : vous avez autre chose à faire. Dans deux jours je serai donc au même cran que si vous n’étiez pas venu. J’aurai même plus faim, car l’estomac est féroce le lendemain d’un bon dîner. Si j’étais riche comme vous autres, — ici Ma¬ thieu m’enfonça son coude dans le flanc, —je m’ar¬ rangerais de façon à tirer les gens d’affaire pour le reste de leurs jours. — Et comment? si la recette est bonne, nous en profiterons. — 11 y a deux manières : on leur achète un fonds de commerce, ou on leur procure une place du gou¬ vernement. — Tais-toi donc, lui dit sa femme, je t’ai toujours dit que tu te ferais du tort avec ton ambition. — Où est le mal, si je suis capable ? J’avoue que j’ai toujours eu l’idée de demander une place. On m’offri¬ rait dix frai es pour m’établir marchand des quatre saisons ou pour acheter un fonds d’allumettes, je ne refuserais certainement pas, mais je regretterais tou¬ jours un peu la place que j’ai en vue.