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« Je te pardonne, dit le Roi, en faveur de ta mauvaise éducation. Les gens de ton pays déshonorent le vol en y mêlant la friponnerie. Si je n’avais que des Ioniens dans ma troupe, je serais obligé de faire mettre des tourniquets sur les chemins, comme aux portes de l’Exposition de Londres, pour compter les voyageurs et recevoir l’argent. À un autre ! »

Celui qui vint ensuite était un gros garçon bien portant, de la physionomie la plus avenante. Ses yeux ronds, à fleur de tête, respiraient la droiture et la bonhomie. Ses lèvres entr’ouvertes laissaient voir, à travers leur sourire, deux rangées de dents magnifiques ; il me séduisit au premier coup d’œil, et je me dis que, s’il s’était fourvoyé en mauvaise compagnie, il ne manquerait pas de rentrer un jour ou l’autre dans le bon chemin. Ma figure lui plut aussi, car il me salua très poliment avant de s’asseoir devant le Roi.

Hadgi-Stavros lui dit : « Qu’as-tu fait, mon Vasile ?

— Je suis arrivé hier soir avec mes six hommes à Pigadia, le village du sénateur Zimbélis.

— Bien.

— Zimbélis était absent, comme toujours ; mais ses parents, ses fermiers et ses locataires étaient tous chez eux, et couchés.

— Bien.

— Je suis entré au khan ; j’ai réveillé le khangi ; je lui ai acheté vingt-cinq bottes de paille, et, pour payement, je l’ai tué.

— Bien.

— Nous avons porté la paille au pied des maisons, qui sont toutes en planches ou en osier, et nous avons mis le feu en sept endroits à la fois.