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vingt-deux et planté par hasard au bord du chemin. Les caractères sont de la bonne époque et sculptés dans la perfection. Voici l’inscription, telle que je l’ai copiée sur mon carnet.

S. T. X. X. I. I.
M. D. C. C. C. L. I.

« Si je parviens à l’expliquer, ma fortune est faite. Je serai membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres de Pont-Audemer ! Mais la tâche est longue et difficile. L’antiquité garde ses secrets avec un soin jaloux. Je crains bien d’être tombé sur un monument relatif aux mystères d’Éleusis. En ce cas, il y aurait peut-être deux interprétations à trouver, l’une vulgaire ou démotique, l’autre sacrée ou hiératique. Il faudra que vous me donniez votre avis.

— Mon avis, lui répondis-je, est celui d’un ignorant. Je pense que vous avez découvert une borne comme on en voit beaucoup le long des chemins, et que l’inscription qui vous a donnée tant de peine pourrait sans nul inconvénient se traduire ainsi : « Stade, 22, 1851. » Bonsoir, cher monsieur Mérinay ; je vais écrire à mon père et endosser mon bel habit rouge. »

Ma lettre à mes parents fut une ode, un hymne, un chant de bonheur. L’ivresse de mon cœur coulait sur le papier entre les deux becs de ma plume. J’invitai la famille à mon mariage, sans oublier la bonne, tante Rosenthaler. Je priai mon père de vendre au plus tôt son auberge, dût-il la donner à vil prix. J’exigeai que Frantz et Jean Nicolas quittassent le service ; j’adjurai mes autres frères