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lerons des forêts entières pour faire cuire des troupeaux entiers, nous pillerons le royaume ! nous prendrons Athènes et nous camperons dans les jardins du palais ! Vous n’aurez qu’à vous laisser conduire ; je connais les bons endroits. Commençons par jeter le vieux dans le ravin avec son milord bien-aimé ; je vous dirai ensuite ce qu’il faut faire. »

L’éloquence de Coltzida fut bien près de nous coûter la vie, car l’auditoire applaudit. Les vieux compagnons d’Hadgi-Stavros, dix ou douze Pallicares dévoués qui auraient pu lui venir en aide, avaient mangé la desserte de sa table : ils se tordaient dans les coliques. Mais un orateur populaire ne s’élève pas au pouvoir sans faire des jaloux. Lorsqu’il parut démontré que Coltzida deviendrait le chef de la bande, Tambouris et quelques autres ambitieux firent volte face et se rangèrent de notre parti. Capitaine pour capitaine, ils aimaient mieux celui qui savait les conduire que ce bavard outrecuidant dont la nullité leur répugnait. Ils pressentaient d’ailleurs que le Roi n’avait plus longtemps à vivre et qu’il prendrait son successeur parmi les fidèles qui resteraient autour de lui. Ce n’était pas chose indifférente. Il y avait gros à parier que les bailleurs de fonds ratifieraient plutôt le choix d’Hadgi-Stavros qu’une élection révolutionnaire. Huit ou dix voix s’élevaient en notre faveur. Notre, car nous ne faisions plus qu’un. Je me cramponnais au Roi des montagnes, et lui-même avait un bras passé autour de mon cou. Tambouris et les siens se concertèrent en quatre mots ; un plan de défense fut improvisé ; trois hommes profitèrent du tapage pour courir avec Dimitri à l’arsenal de la bande