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mains, vous choquer l’un contre l’autre et vous jeter en poussière au vent de mes montagnes ! Vous êtes tous les mêmes, Européens, race de traîtres qui n’osez vous attaquer aux hommes, et qui n’avez de courage que contre les enfants. Lis ce qu’il vient de m’écrire, et réponds-moi s’il est des tortures assez cruelles pour châtier un crime comme le sien ! »

Il me jeta brutalement une lettre froissée. J’en reconnus l’écriture au premier coup d’œil, et lus :


« Dimanche, 11 mai,
à bord de la Fancy, rade de Salamine.

« Hadgi-Stavros, Photini est à mon bord, sous la garde de quatre canons américains. Je la retiendrai en otage aussi longtemps qu’Hermann Schultz sera prisonnier. Comme tu traiteras mon ami, je traiterai ta fille. Elle payera cheveu pour cheveu, dent pour dent, tête pour tête. Réponds-moi sans délai, sinon j’irai te voir.

« John Harris. »


À cette lecture, il me fut impossible de renfermer ma joie. « Ce bon Harris ! m’écriai-je tout haut. Moi qui l’accusais ! Mais explique-moi, Dimitri, pourquoi il ne m’a pas secouru plus tôt.

— Il était absent, monsieur Hermann ; il donnait la chasse aux pirates. Il est revenu hier matin, bien malheureusement pour nous. Pourquoi n’est-il pas resté en route !

— Excellent Harris ! il n’a pas perdu un seul jour ! Mais où a-t-il déniché la fille de ce vieux scélérat ?

— Chez nous, monsieur Hermann. Vous la connaissez bien, Photini. Vous avez dîné plus d’une fois avec elle.