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condamnation à mort : il avait assassiné un musulman. La dévotion et le courage sont héréditaires dans sa famille. Jamais Vasile n’a manqué à ses devoirs religieux. Il donnait aux églises, il donnait aux pauvres. Le jour de Pâques, il allumait un cierge plus gros que tous les autres. Il se serait fait tuer plutôt que de violer la loi du jeûne, ou de manger gras un jour d’abstinence. Il économisait pour se retirer dans un couvent du mont Athos. Le saviez-vous ? »

Je confessai humblement que je le savais.

« Savez-vous qu’il était le plus résolu de tous mes compagnons ? Je ne veux rien ôter au mérite personnel de ceux qui m’écoutent, mais Vasile était d’un dévouement aveugle, d’une obéissance intrépide, d’un zèle à l’épreuve de toutes les circonstances. Aucune besogne n’était trop dure au gré de son courage ; aucune exécution ne répugnait à sa fidélité. Il aurait égorgé tout le royaume si je lui avais commandé de le faire. Il aurait arraché un œil à son meilleur ami sur un signe de mon petit doigt. Et vous me l’avez tué ! Pauvre Vasile ! quand j’aurai un village à brûler, un avare à mettre sur le gril, une femme à couper en morceaux, un enfant à écorcher vif, qui est-ce qui te remplacera ? »

Tous les brigands, électrisés par cette oraison funèbre, s’écrièrent unanimement : « Nous ! nous ! » Les uns tendaient les bras vers le Roi, les autres dégainaient leurs poignards ; les plus zélés me couchèrent en joue avec leurs pistolets. Hadgi-Stavros mit un frein à leur enthousiasme : il me fit un rempart de son corps, et poursuivit son discours en ces termes :

« Console-toi, Vasile, tu ne resteras pas sans