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du destin. Je ne pus m’empêcher de lui répondre : « Oui, vous êtes vraiment Roi. »

Il répondit en souriant :

« En effet, puisque j’ai des flatteurs, même parmi mes ennemis. Ne vous défendez pas ! Je sais lire sur les visages, et vous m’avez regardé ce matin en homme qu’on voudrait voir pendu.

— Puisque vous m’invitez à la franchise ; j’avoue que j’ai eu un mouvement d’humeur. Vous m’avez demandé une rançon déraisonnable. Que vous preniez cent mille francs à ces dames qui les ont, c’est une chose naturelle et qui rentre dans votre métier ; mais que vous en exigiez quinze mille de moi qui n’ai rien, voilà ce que je n’admettrai jamais.

— Pourtant, rien n’est plus simple. Tous les étrangers qui viennent chez nous sont riches, car le voyage coûte cher. Vous prétendez que vous ne voyagez pas à vos frais, je veux vous croire. Mais ceux qui vous ont envoyé ici vous donnent au moins trois ou quatre mille francs par an. S’ils font cette dépense, ils ont leurs raisons, car on ne fait rien pour rien. Vous représentez donc à leurs yeux un capital de soixante à quatre-vingt mille francs. Donc en vous rachetant pour quinze mille francs, ils y gagnent.

— Mais l’établissement qui me paye n’a point de capital, il n’a que des revenus. Le budget du Jardin des Plantes est voté tous les ans par le Sénat ; ses ressources sont limitées : on n’a jamais prévu un cas pareil ; je ne sais comment vous expliquer… vous ne pouvez pas comprendre.

— Et quand je comprendrais, reprit-il d’un ton hautain, croyez-vous que je reviendrais sur ce que j’ai dit ? Mes paroles sont des lois : si je veux