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« Monsieur, me dit-il en français, mais avec un accent déplorable, je m’appelle Hermann Schultz ; je viens de passer quelques mois en Grèce, et votre livre a voyagé partout avec moi. »

Cet exorde pénétra mon cœur d’une douce joie ; la voix de l’étranger me parut plus mélodieuse que la musique de Mozart, et je dirigeai vers ses lunettes d’or un regard étincelant de reconnaissance. Vous ne sauriez croire, ami lecteur, combien nous aimons ceux qui ont pris la peine de déchiffrer notre grimoire. Quant à moi, si j’ai jamais souhaité d’être riche, c’est pour assurer des rentes à tous ceux qui m’ont lu.

Je le pris par la main, cet excellent jeune, homme. Je le fis asseoir sur le meilleur banc du jardin, car nous en avons deux. Il m’apprit qu’il était botaniste et qu’il avait une mission du Jardin des Plantes de Hambourg. Tout en complétant son herbier, il avait observé de son mieux le pays, les bêtes et les gens. Ses descriptions naïves, ses vues, courtes mais justes, me rappelaient un peu la manière du bonhomme Hérodote. Il s’exprimait lourdement, mais avec une candeur qui imposait la confiance ; il appuyait sur ses paroles du ton d’un homme profondément convaincu. Il put me donner des nouvelles, sinon de toute la ville d’Athènes, au moins des principaux personnages que j’ai nommés dans mon livre. Dans le cours de la conversation, il énonça quelques idées générales qui me parurent d’autant plus judicieuses que je les avais développées avant lui. Au bout d’une heure d’entretien, nous étions intimes.

Je ne sais lequel de nous deux prononça le premier le mot de brigandage. Les voyageurs qui