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mettait de payer richement tant de persévérance et de résignation. Et surtout elle savourait ce plaisir éminemment féminin, de commander à tous et d’obéir à un seul.

Cette période triomphale avait manqué à la vie de Germaine. L’année qui précéda son mariage avait été la plus triste et la plus misérable de sa pauvre jeunesse. Mais l’année qui suivit lui apporta quelques dédommagements. Elle vivait à Corfou dans un cercle d’admirations passionnées. Tous ceux qui l’approchaient, vieux et jeunes, éprouvaient pour elle un sentiment voisin de l’amour. Elle portait sur son beau front ce signe de mélancolie qui apprend à tout le monde qu’une femme n’est pas heureuse. C’est un attrait auquel les hommes ne résistent guère. Les plus hardis craignent de s’offrir à celle qui paraît ne manquer de rien ; mais la tristesse enhardit les plus timides, et c’est à qui essayera de les consoler. Les médecins ne manquaient pas à cette jeune âme affligée. Le jeune Dandolo, un des hommes les plus brillants des sept îles, l’entourait de ses soins, l’éblouissait de son esprit, et lui imposait son amitié superbe avec l’autorité d’un homme qui a toujours réussi. Gaston de Vitré promenait autour d’elle une sollicitude inquiète. Le bel enfant se sentait naître à une vie nouvelle. Il n’avait rien changé à ses habitudes, ses travaux et ses plaisirs marchaient du même pas qu’autrefois ; mais