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GAËTANA.

la place publique et le fer du bourreau ; n’ai-je pas le choix des armes ? Il faut que cet homme soit un assassin pris sur le fait, pour que personne ne puisse supposer qu’il était votre amant. Mais les femmes n’entendent rien à ces sortes de choses. Elles ont de la vertu, quelquefois. À nous seuls appartient l’honneur !

GAËTANA.

Gardez-le donc pour vous seul, cet honneur infâme ! Car vous l’avez avoué, Gabriel est innocent, Gabriel n’a rien fait pour vous donner la mort ; Gabriel a les mains pures ; il n’y a dans Naples qu’un assassin : vous !

LE BARON.

Et tu venais t’offrir à moi, femme noble entre toutes les courtisanes !

GAËTANA.

Oui, j’avais fait le sacrifice de mon bonheur et de ma dignité. Mais votre infamie élève entre nous une barrière infranchissable, et je ne passerai pas ma vie avec le pourvoyeur du bourreau ! (Elle va vers la porte de son appartement.)

LE BARON.

Où donc comptez-vous vivre, s’il vous plaît ?

GAËTANA.

Je compte mourir à la même heure que lui ! (Elle sort par la gauche. — Birbone entre par la droite.)[1]


Scène VII.

LE BARON, BIRBONE.
BIRBONE, la regardant sortir.

Brave petit cœur de femme !

LE BARON, courant au timbre.

Je te préviens que tout le monde est sur pied dans la maison.

  1. Les hurlements du public ont accompagné cette scène d’un bout à l’autre.