Page:About - Causeries, deuxième série.djvu/233

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’exécution, étudié le public, tâté le fort et le faible de l’esprit humain. Ils arrivent précédés d’une réputation foudroyante ; leur évangile a paru avant eux : c’est un volume de 300 pages, rédigé en anglais par M. Nichols, traduit dans la langue de Voltaire par Mme Bernard-Derosne, que nous avons applaudie aux Folies-Dramatiques, aux Variétés et à la Comédie-Française sous le nom de Mlle Judith.

Cet évangile, qui vient de loin, assure que MM. Davenport ont résolu dès leur plus tendre jeunesse le problème de l’aviation, si bravement poursuivi en France par cet héroïque casse-cou de Nadar. Ils s’envolaient jusqu’au plafond et planaient sur l’assistance quoiqu’ils fussent déjà visiblement plus lourds que l’air.

Si j’ose contester sur ce point le témoignage de M. Nichols, ce n’est pas seulement parce que la chose est absurde en elle-même, c’est surtout parce qu’elle est injurieuse aux frères Davenport.

Eh quoi ! messieurs, vous laissez dire que vous avez volé sans ailes dans un salon, quand il est avéré que vous ne le pouvez plus ! Vous aviez donc alors une puissance qui s’est usée, une vertu qui est sortie de vous ? Faut-il conclure que vous avez démérité des esprits, vos domestiques ? Que vos porteurs aériens se sont mis en grève ? Que vous n’avez plus sur eux la même autorité qu’autrefois ? Que vous êtes en baisse, à l’âge de 25 et de 23 ans ?