Page:About - ABC du travailleur, 1868.djvu/133

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

contre un autre vous eût été interdit, rien ne vous empêcherait de vous casser le nez contre un meuble en rentrant chez vous ; vous ne pourriez pas lire à la clarté de votre argent le livre qui vous attend sur votre table de nuit.

En livrant sa lumière en bâtons contre votre monnaie, le détaillant, ce modeste producteur, a fait une bonne affaire, lui aussi. Il n’avait pas acquis la marchandise pour la consommer, mais pour la vendre ; il en devait le prix à un marchand en gros, qu’il devra payer en argent, à l’échéance. Vous l’aidez à remplir un engagement sacré, à liquider un échange antérieur. Vous lui donnez en outre quelques centimes pour prix du service personnel qu’il vous a rendu. Et quel service ? L’ignorez-vous ? N’est-ce donc rien que d’avoir transporté, conservé, divisé à votre usage et mis pour ainsi dire sous votre main un bien utile que vous n’aviez ni le temps, ni peut-être le moyen d’aller prendre en fabrique par quantité de cent kilos ?

Si les hommes raisonnaient un peu, ils seraient tous en admiration et en reconnaissance devant le mécanisme bienfaisant de l’échange. Il nous permet d’obtenir tous les biens qui nous manquent, tous les services que nous ne pourrions nous rendre à nous-mêmes. Et à quel prix ? Moyennant un