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VIE DE MOHAMMED.

Toutefois il persista à se rendre à Taïef pour en convertir les habitants à l’Islamisme, et l’un d’eux lui ayant décoché une flèche qui l’atteignit à la veine médiane, il en mourut : Dieu ait pitié de lui ! Caab, fils de Zohair, fils d’Abou-Solma, que le prophète avait proscrit, se rendit ensuite auprès de lui et lui récita le poëme célèbre à sa louange qui commence ainsi : « Soad s’est éloigné de moi et mon cœur est plongé dans la

tristesse. » Le prophète lui donna son manteau, que Moawia, lors de son khalifat, acheta de la famille de ce Caab pour quarante mille drachmes, et que possédèrent ensuite tous les khalifes Ommiades et Abbassides, jusqu’au jour où il fut pris par les Tartares.


Expédition de Tabouk (144).

Au mois de redjeb de la neuvième année de l’hégire, le prophète donna les ordres nécessaires pour qu’on se préparat à marcher contre les Grecs, et cette fois il fit connaître le but de l’expédition, à cause de la longueur du chemin et des forces de l’ennemi ; car jusqu’alors, lorsqu’il préparait une attaque, il en feignait une autre. La chaleur était forte, le pays stérile, et le peuple dans la détresse, en sorte que ces motifs réunis firent appeler cette armée l’armée de la détresse. Les fruits étant mûrs, les tribus auraient voulu rester pour vaquer aux soins de la récolte et firent à regret leurs préparatifs de départ. Dans ces circonstances, le prophète ordonna que chacun eût à contribuer d’une partie de ses richesses. Abou-Bekr donna tout son bien ; Othman donna aussi une forte contribution, on prétend qu’elle était de trois cents chameaux pour nourrir l’armée, et de mille dinars. Aussi la tradition rapporte que le prophète dit : « Tout ce qu’Othman a fera à compter d’aujourd’hui ne pourra jamais lui nuire. »